Le vrai bonheur consiste à faire des heureux… et des heureuses

Les nancéiens – en tout cas, ceux que je connais – disent qu’il s’agit de la plus belle place du monde. Certainement y-a-t’il une once de chauvinisme là-dedans, mais je peux témoigner que cette place est non seulement très jolie mais également très agréable pour prendre, entre amis, un verre à la terrasse d’un des nombreux bars qui entourent la place. Il n’est qu’une précaution à prendre : ne pas oublier ses lunettes de soleil par grand beau car les splendides pavés de la place Stan sont aveuglants !

Si donc d’un point de vue architectural cette place est une réussite, le son et lumière diffusé tous les soirs de l’été est également quelque chose à ne pas rater, notamment avec les enfants. 

Attente en rouge
Tous en lice

Nous y étions donc ce soir là avec eux. Adèle était restée chez sa grand-mère et les plus grands étaient venus avec nous. Nous étions partis tôt car tous les soirs, ce spectacle offert gracieusement par la municipalité et ses partenaires attire de nombreuses personnes, habitués et touristes. Nous sommes arrivés quand les gens commençaient à affluer. Certains s’installaient assis en tailleur sur les pavés, d’autres utilisaient la lice en bois qui ceint la place Stanislas, d’autres enfin attendaient debout. Ils étaient ainsi nombreux autour de la statue du « bienfaiteur de la Lorraine » auquel les nancéiens (particulièrement ceux que je connais) portent une affection particulière.

Nous avions cru que le spectacle serait donné à 21h45 alors que renseignement pris il ne commencera qu’à 22h. Nous avions donc de l’avance et pouvions nous installer paisiblement à notre convenance ; les enfants comme à chaque fois qu’ils ont une grande place devant eux se mirent à courir en tout sens, se pourchassant les uns les autres et s’adonnant à ce jeu qu’ils appellent le « loup glacé » dont j’avais oublié l’existence, ne me souvenant plus que du « chat perché », autre variante de ce passe-temps de cours d’école.

Attente au smartphone
Smartphone family

D’autres familles s’étaient installées. Celle à côté de nous, arrivée elle aussi en avance,  tuait le temps à l’aide de smartphones. Aujourd’hui, le téléphone est devenu le compagnon de nos attentes : les revues des salles d’attente des médecins, dentistes et autres garagistes sont délaissées. Facebook, sudoku et autres jeux ont remplacé les horoscopes, les tests d’été du type « Est-il l’homme de ma vie ? » des magazines féminins, où encore le dossier spécial « comment éviter les radars en toute légalité ? » de l’antépénultième numéro totalement écorné, jauni et pelé d’une quelconque revue automobile…

Quant à moi, j’étais évidemment avec mon appareil photo. Le lieu était rêvé pour faire de la street photography : une foule de personnes, des lumières variées et des contrastes saisissants, des attitudes changeantes. L’heure du spectacle s’approchait, la place se remplissait. D’autres personnes se sont donc installées, assises à même le sol devant nous. Nous étions aux premières loges et, dans l’espace entre nous et l’hôtel de ville, un jeune garçon faisait scintiller ses chaussures dans la nuit. Vous savez, ces chaussures qui à chaque impulsion sur le talon s’illuminent !

Cet enfant courait vite et sans but précis, affolant mon autofocus qui n’arrivait pas dans les conditions de faible luminosité à faire le point. J’ai déclenché au jugé me doutant que la photo serait floue et ratée et j’allais passer en mise au point manuelle quand le spectacle commença. Le garçon fut rappelé par ses parents et l’instant avait disparu. Quand j’ai fait l’éditing des photos prises ce soir là, j’ai constaté sans surprise qu’elle était effectivement floue. Pour autant je n’arrive pas à la considérer comme ratée et je trouve même que ce flou lui donne un charme suranné qui s’accorde bien à l’insouciance de la jeunesse. Mais peut-être ne suis-je pas très objectif ?

DJ Erasmus
DJ Erasmus

Quant au spectacle, il a beaucoup plu aux enfants… et aux grands. Même si j’avais déjà pu voir ce son et lumière, j’ai assisté à l’édition consacrée cette année à la Renaissance avec plaisir, notamment parce que celle-ci a été enrichie par rapport à celle à laquelle j’avais assisté quelques années auparavant. DJ Erasmus a eu un succès d’estime notamment chez les enfants chez qui il a suscité surprise, amusement ou encore franche rigolade. Quand nous en avons reparlé avec eux ensuite, c’est bien évidemment ce morceau ainsi que celui de la construction de la place qui les a le plus marqués.

Le spectacle se terminait et la maxime attribuée à Stanislas allait être reprise en coeur par le public :

Le vrai bonheur consiste à faire des heureux…

Et il est vrai que ce spectacle est très réussi et qu’il a été pour nous tous un moment de bonheur partagé. Nous avons alors repris le chemin de l’appartement. En quittant la place, j’ai comme par rituel pris un dernier cliché : celui de cette lice que je crois avoir prise en photo à chacun de mes passages et qui pourrait rejoindre, je crois, ma série de bancs.

Lice de la place Stan
Rouge ambiance

 

 

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