L’esprit de Noël

De saison ! direz-vous avec une légère pointe d’appréhension… Vous pensez en effet que je vais céder à la facilité de vous conter quelques histoires, de celles dont on nous berce à Noël, où tout est alors joie, amour, bonheur, princesse, traineau, neige, etc… Bref, vous craignez que ce billet ne soit un peu trop emprunt de cet esprit de Noël, tout dégoulinant de mièvrerie, de gentillesse et d’un petit peu de fraternité convenue.

Rassurez-vous, il n’en sera rien. Ou si peu, que vous le supporterez sans haut-le-coeur.

Noël pour moi, ce sont quelques souvenirs qui reviennent comme cela, en vrac.

Ce sont ces films programmés l’après-midi qui passaient et repassaient en boucle chaque année. On y trouvait des grandes épopées d’aventure – un 20 000 lieux sous les mers par ici – quelques péplum – un Travaux D’Hercule parfois par là – et rarement quelques pépites égarées – un Flash Gordon par exemple – comètes fugitives qu’il ne fallait pas rater, car celles-là ne seraient pas à l’affiche l’année suivante. Nous avions aussi droit au traditionnel Sous le plus grand chapiteau du monde, suivi le lendemain d’un King Kong, qui le disputait à Sissi l’impératrice. Bref, nous avions du temps de cerveau disponible…

Noël, c’était une langueur incroyable. L’attente qui s’éternisait, des copains qui n’étaient pas disponibles pour passer le temps – Noël ne se partage qu’en famille – l’ennui insurmontable des courtes journées d’hiver et un mauvais temps qui n’avait à nous offrir que froid et pluie, rarement une neige salvatrice qui nous aurait comblés avec une après-midi de luge !

Noël, c’était aussi ces boites de chocolat, où assez vite il ne restait que ceux aux liqueurs que nous avions tous soigneusement évités. Parfois des truffes au chocolat, quelques pralines ou des marrons glacés venaient compléter la grande boite Lindt à l’intérieur doré et aux liqueurs dédaignées.

Noël, c’était ce harcèlement d’une mère à qui je demandais sans cesse où étaient cachés mes cadeaux. Et qui malgré mes assauts répétés à tout moment du jour – l’ennui m’offrait en effet quelques heures de libre… – ne craquait jamais. Quelle sainte ! me dis-je aujourd’hui avec le recul d’une paternité que je qualifierais de nettement moins patiente.

Noël, c’était enfin l’ouverture des cadeaux qu’il me fallait bien évidemment essayer dans la minute. Je me souviens ainsi de ce bicross bmx, rouge et blanc, que j’avais enfourché dès potron-minet ce 25 décembre au matin par un froid glacial. J’étais bien le seul dans le parc à proximité de chez mes parents et par un froid si vif que, malgré cette attente de si longues semaines pour ce bmx de mes rêves, je dus renoncer assez vite et passer le reste de ma journée à le regarder sans en profiter…

Mais Noël ça reste surtout ce « chef d’oeuvre » de Walt Disney ; vous savez celui où le jeune faon perd sa mère tuée par les chasseurs, ce dessin animé où Bambi crie « gagné » quand, pourchassé, il arrive le premier à la forêt sans s’apercevoir que sa mère ne le suit plus. Bref, vous voyez de quel dessin animé je parle : celui qui a contraint des générations de jeunes spectateurs à des séances de psychanalyse.

A ce moment de la lecture, vous en êtes à vous demander où je veux bien en venir avec cet esprit de Noël et quel rapport avec la photo ?

Si, si, souvenez-vous : il y a dans Bambi une scène mythique, celle où Bambi se retrouve avec son ami PanPan sur la glace pour une séance de patinage. Vous savez cette scène où PanPan dit à Bambi :

Allez viens, y’a aucun danger ! Regarde, tu vois… l’eau (sic!) est solide…

 

 

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