Lorsque nous sommes encore jeunes – et nous pouvons l’être longtemps – nous sommes empreints d’une imagination sans limite, et parfois si profonde que nous pouvons nous y perdre des heures. Tour à tour, nous sommes cowboys et indiens, policiers et voleurs, marchands et acheteurs et, pleinement dans nos rôles, vivons des aventures bien éloignées de notre quotidien.
Ce jour-là, sur notre lieu de villégiature, Adèle écoutait de la musique. Elle voulait être comme ses frères et soeurs, ces ados qui ne quittent que rarement leur Ipod et autres téléphones et qui souvent se mettent du bon son plein les tympans.
On pouvait voir sur son visage qu’elle était transportée, concentrée sur cette musique dont, pour être transmise par des écouteurs, nous n’entendions rien. Je me demandais où elle voyageait, ce qu’elle écoutait, à qui elle avait emprunté ce lecteur. Elle était si sage !, mais ne dit-on pas que « la musique adoucit les moeurs ».
J’eus le temps d’aller chercher mon appareil photo et de chercher longtemps une composition dans des conditions qui ne s’y prêtaient pas : une lumière dure, des ombres disgracieuses, du mobilier que je ne voulais pas voir intégrer le cadre. Je n’y parvins pas réellement et dus donc me résoudre à m’affranchir de la règle selon laquelle une photo doit respirer dans le sens du regard du sujet. Pendant tout ce temps-là, Adèle ne bougeait pas, toujours enveloppée de sa musique que j’imaginais envoutante pour la tenir si longtemps immobile.
Et je vis alors ce bleu de l’appareil de lecture et j’en fus tout retourné !
Regardez attentivement la photo, l’Ipod qui diffuse la musique, le fil qui le relie aux écouteurs placés dans ces oreilles. Vous l’avez ? Si, regardez encore, soyez attentifs ! C’est bon ? Vous me direz que l’on ne voit pas assez bien, qu’il faudrait pouvoir zoomer.
Alors je vous aide et vous offre un plan plus rapproché, un « crop » comme aiment à le dire les fora de photos. Cliquez sur cette photo, allez-y.
Cette fois je suis sûr que vous l’avez ! Eh oui, cet Ipod est en carton, ces écouteurs sont fait de cordelettes et donc en toute logique aucun son ne sort de ce dispositif. Aucun son, sauf peut-être celui pur et merveilleux que seul le pouvoir de l’imagination peut offrir.
C’est l’imagination qui étend pour nous la mesure des possibles, soit en bien, soit en mal, et qui, par conséquent, excite et nourrit les désirs par l’espoir de les satisfaire.
Jean-Jacques Rousseau
Emile ou De l’éducation
Excellente est cette histoire! Fantastique est le pouvoir de l’imagination! Celle de la petite Adèle (qui a d’ailleurs bien grandi), mais aussi celle de son papa déjà à la recherche de la musique qui pouvait envouter si pleinement sa petite…!
Merci de ce moment.
Bises.
qu’elle est sage, Adéle, je l’ai vue si pétillante au petit lavoir !
j’aimerai bien entendre ce qu’elle écoute, – enfin, ce qu’elle fait semblant d’écouter- elle est si sérieuse, si concentrée… peut-être est-elle en train de chercher les paroles d’une chanson… ou d’en inventer une ?
en tous cas ta photo est super !
j’espère que tu vas bien
amitiés
annie