J’aime à marcher le long de tes rives. Sur ce sable grossier, entre ces souches que l’eau a modelées, j’imprime mon pas lourd et sombre. Chacune de mes enjambées fait suinter une humidité trouble et noire qui, des tréfonds de la terre, renaît à la lumière.
Aujourd’hui, j’ai l’impression que le ciel gronde. Il se revêt de sombre et de clair, de rouge et de chair. On dirait qu’il va chavirer à chaque instant. Et moi, je perçois sa vibration, je la ressens dans mes mouvements, j’entends ses oscillations dans mes os.
Je suis là fasciné par cette atmosphère et je m’en remplis. Je suis devenu le son des enfants au loin, le souffle du vent dans les arbres décharnés, le dernier saut d’un poisson qui lutte contre le passage du temps. Je suis prêt à éclater, je suis le gris, je suis l’orange, je suis le rouge mais encore parfois le bleu ou le vert.
Il ne reste qu’à déclencher : déclencher pour évacuer le surplus, déclencher pour épancher le trop-plein, déclencher pour retrouver le vide.
Et en déclenchant, écouter le poète :
Tout a brûlé
heureusement, les fleurs
avaient achevé de fleurir.
Hokushi
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