Jour de plage

S’il m’est souvent une activité difficilement supportable, c’est bien celle d’attendre sur la plage à subir les assauts du soleil. Je ne sais pas ce que j’y attends et du coup, je ne sais pas quand cela advient. Je m’y ennuie formidablement. Assez vite je m’échauffe et alors à l’ennui se conjugue l’inconfort.

littérature de plageCertes, on peut y bâtir avec les enfants des châteaux de sable ou encore s’adonner aux jeux de ballon. Mais là encore, n’est-ce la joie de partager une complicité avec les enfants, rapidement survient la lassitude. Parfois, j’envie ceux qui y lisent avant de me remémorer les expériences tentées de littérature de plage : la recherche régulière d’une meilleure position de lecture me prive, si ce n’est du fil, au moins du plaisir de la lecture et la chaleur qui me submerge réveille douloureusement la nostalgie de fraicheur à laquelle j’aspire quand je lis. Bref après l’ennui, puis l’inconfort, survient l’agacement.

Et donc, j’ai décidé que j’irai à la plage avec un appareil photo. Pourtant sable et mécanique font rarement bon ménage et la rayure n’est jamais bien loin quand un grain de sable s’éprend d’une optique, d’un film ou d’un capteur. Et il y a aussi ce regard des gens qui trouvent souvent que le photographe n’a pas sa place sur la plage. Trop voyeur, trop près de l’intime et de l’abandon des corps dénudés et huilés. Il convient alors de se faire discret et de se fondre dans le paysage. Mais quand, comme moi, on ne supporte pas de rester à cuire au soleil, qu’on est sur la plage vêtu presque comme à la ville, l’exercice de caméléon relève de l’impossible.

Mais cela en vaut la peine car on rapporte parfois quelques pépites, comme ces deux chaises de camping face à la mer. Les couleurs, la disposition, la marée montante et ce ballet des deux vieilles dames qui en étaient les propriétaires : j’étais subjugué.

Et quand, il y a quelques jours quelqu’un, voyant cette série des chaises de camping – car il y en a plusieurs – vides ou occupées par des têtes grises, s’est écrié :

on dirait du Tati !

Rien ne pouvait plus flatter le grand admirateur de l’immense talent de Jacques Tati que je suis.

 

 

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