Lorsque j’étais petit, et que j’étais attablé au petit déjeuner, j’occupais mon temps à lire tout ce qui se trouvait sur les emballages des produits que je consommais.
C’est comme ça que je découvris l’histoire des frères Kellogg et de leur découverte des corn flakes. Connaissez-vous cette histoire ou auriez-vous seulement retenu de ce bon médecin John Harvey Kellogg qu’il était persuadé que le moyen le plus sûr de lutter contre l’onanisme était celui de manger des mets sans goût ?
C’est donc à la lecture d’un paquet de Corn Flakes que j’appris comment les frères Kellogg* découvrirent par la plus grande des étourderies – ils avaient oublié du blé cuit dans leur cuisine – l’appétence de leurs patients pour les pétales de blé cuit obtenus après avoir passé ce blé durci dans des cylindres. Face au succès de cette première recette, ils essayèrent avec des grains de maïs; les corn flakes étaient nés. Et si cela vous intéresse, je confesse que ce n’est que bien plus tard que je découvris que le but initial de leurs recherches était celui d’un remède efficace au priapisme…
Bref, les frères Kellogg étaient des « sérendipiteurs ». Je reconnais le barbarisme et je vous vois déjà vous offusquer, ne vous ayant pas accoutumé à martyriser la langue. En bref, les frères Kellogg avaient trouvé autre chose que ce qu’ils cherchaient, et ce faisant, soit dit au passage, avaient rencontré la fortune. Ce sont en quelque sorte les Christophe Colomb du petit déjeuner et peut-être aurais-je du vous parler de Christophe Colomb (mais c’eut été alors bien plus difficile d’évoquer la masturbation dans ce texte !).
Arrivé à ce niveau de lecture, vous vous demandez certainement où je veux en arriver avec mes histoire de corn flakes et de découverte de l’Amérique… J’y viens.
Ce matin donc, je suis monté sur le plateau pour venir à la rencontre du soleil. Je m’y suis promené, admirant et photographiant le brouillard qui couvrait la plaine de la Limagne.
Un peu plus loin, il y avait une mer de nuages et de brumes prisonnière des premiers contreforts des monts du Forez. Elle était magnifique, la lumière illuminant les nuages entre les ombres encore allongées qu’un soleil naissant dessinait.
Je cherchais une composition et me résignais à garder celle que vous avez découvert avec ce billet. Je n’en étais que modérément satisfait. Et pourtant !
Moi qui ne pensais qu’avoir saisi une mer de nuages, j’eus la joie de découvrir au moment de transférer les photos dans mon logiciel de traitement, de surcroit baigné de soleil, un clocher émergeant de la brume. La chance m’avait souri, le développement ferait le reste.
Apprenez-donc qu’en trente-trois jours je suis arrivé aux Indes avec l’armada que me donnèrent mes illustres seigneurs, le roi et la reine. J’y ai trouvé de nombreuses îles dont j’ai pris possession au nom de Leurs Altesses par proclamation et en faisant déployer l’étendard royal. […] Ces îles sont très belles, de contours variés, très pénétrables, recouvertes de mille sortes d’arbres majestueux qui paraissent toucher le ciel. Je crois bien que jamais ils ne perdent leurs feuilles, car je les ai vus aussi verts et beaux que ne le sont les arbres au mois de mai en Espagne
Christophe Colomb
Lettre destinée aux Rois catholiques d’Espagne, 1493
*les frères Kellogg étaient en effet deux : John Harvey et Will Keith