La fissure s’agrandit. Alors pour que bientôt elle ne devienne pas une faille béante, on l’a recouverte de ruban adhésif. Du ruban d’électricien, un peu orange, un peu passé, durement vieilli et avec lequel plus aucun courant ne passe ; un cache-misère en espérant que tout s’arrête.
Mais rien n’y fera. Le mal est installé, il est insidieux et ronge notre humanité. Des boursouflures de haine éclatent, ici et là ; l’homme répand violence et rancoeur, désespoir et douleur.
Et pourtant, je rêve. Je rêve que tout cela s’arrête et que l’autre ne soit plus celui qui fait peur mais celui qui illumine nos vies de sa différence, remplisse nos coeurs de son altérité et anime nos âmes de ses excentricités.
Au contraire de cela, je sens partout le repli. Nous nous rapprochons insidieusement du fruit qui se racornit. D’abord, lentement il pourrit ; et puis si les conditions s’y prêtent, il s’assèche ; enfin, il se réduit et ayant perdu toute sa sève n’est plus qu’une enveloppe sèche.
Alors, il nous faut user de toujours plus de ruban adhésif, toujours orange, toujours vieilli. En abuser, jusqu’à l’adorer comme un Dieu*, et espérer y retrouver notre fraternité.
* Malheureusement, tout nous éloigne ici de la de la science-fiction cf. « Oui, le ruban adhésif colle même dans l’atmosphère rare de Mars. Il fonctionne partout. Il est magique. En fait, on devrait l’adorer comme un dieu » in Andy Weir, Seul sur Mars, ed. Milady
Cher Belka. Quelque soit le sujet que tu traites, même grave, tu réussis à diffuser, par tes photographies tant que par tes textes, la poésie et l’harmonie nécessaires à l’équilibre de l’humanité. C’est grâce à cela que l’Homme peut résister au Mal qui tente à chaque instant de s’insinuer. Pensons toujours à élever nos pensées, à regarder au-delà des vitrines brisées pour découvrir et redécouvrir la beauté des uns et des autres.
Je te souhaite un excellent anniversaire. Bises.