C’est amusant.
L’homme aspire à la liberté, du moins parait-il.
Et dès qu’il le peut il enferme. Les gens, les lieux, les esprits, … Je crois avoir déjà dit, ici ou ailleurs, je ne me souviens plus, ce que je pensais de cette mode du cadenas pour évoquer le sentiment amoureux… Je crois aussi avoir exprimé l’horreur que m’inspire le barbelé…
Mais de quoi peut-il avoir peur, pour ainsi tout fermer à double tour ?
Pourquoi ne peut-il s’empêcher de vouloir posséder et une fois qu’il possède de n’avoir comme alternative que de détruire ou d’entraver ?
Pourquoi, même sur les partitions de musique, ne peut-il renoncer à tout mettre sous clé ?
Le plus drôle c’est que, souvent, on ne comprend même pas ce qu’il a voulu cadenasser. Combien de fois m’est-il arrivé de voir un vieux portail en ruine, rongé par la rouille, ployant sous la charge d’un cadenas fermant une épaisse chaine, et qu’une simple pichenette aurait réduit en poussière…
Et que dire lorsqu’on sait que l’une des locutions utilisées pour signifier la liberté est l’expression « clé des champs » ?
A moins que ce ne soit moi qui soit un éternel pessimiste…
C’est certainement cela : puisque mon ami Robert, celui auquel je recours quand je perd le sens des mots, me dit qu’une clé n’est pas ce qui sert à fermer mais « ce qui sert à ouvrir ».
Décidément la nature humaine me surprendra toujours !
L’homme est né pour le bonheur et pour la liberté, et partout il est esclave et malheureux ! La société a pour but la conservation de ses droits et la perfection de son être, et partout la société le dégrade et l’opprime ! Le temps est arrivé de le rappeler à ses véritables destinées ; les progrès de la raison humaine ont préparé cette grande révolution, et c’est à vous qu’est spécialement imposé le devoir de l’accélérer.
Maximilien de Robespierre
Discours à la Convention – 10 mai 1793