Fauteurs de pluie

Ce sont eux les coupables.

Je les aime bien pourtant ; je vais souvent les voir pour les photographier. Après tout, pourquoi ne pourrait-on pas être coupables et magnifiques ? Il y en a tellement qui sont innocents mais laids.

Au début, je refusais d’y croire. Mais puisque de toute façon, aujourd’hui, chacun a droit à sa vérité. Et tant pis si elle est différente de celle de son voisin ou de sa voisine. Il suffit de la clamer, sa vérité, pour qu’elle le devienne. Après, si on l’a dit assez souvent, assez fort, ou avec suffisamment de conviction, les autres l’acclameront. C’est ainsi !

Au début, c’est un peu dur à croire, je le reconnais.

Mais au final – et un peu au début aussi, hein !, c’est là le malheur de l’humanité – ne nous a-t-on pas dit qu’il fallait croire ?

D’autant que la science l’aurait reconnu. Y a pas plus vraie qu’une vérité scientifique, non ? Celle-là de vérité, elle vaut pour le grincheux du 3ème comme pour la mégère du rez-de-chaussée. Elle est absolue, comme vérité car elle est sci-en-ti-fi-que !

Cette absolue vérité – ce qui, soit dit en passant, tend à prouver que des vérités moins absolues peuvent être fausses -, cette vérité absolue, car scientifique donc, nous avait été démontrée par des experts expérimentés avec force expériences.

Après, certains n’y croyaient pas : ils avaient perçu, chez le scientifique, ce côté bonimenteur du gars du marché qui essaie de vous vendre ses couteaux ou sa crème à récurer les casseroles (c’est selon) comme d’autres leurs théories « qu’elle est mieux que celle du voisin ». Après c’est vrai qu’il y a des scientifiques qui même auréolés d’un prix Nobel sont capables de débiter des âneries, du genre que « l’eau a de la mémoire »… Ou cet autre éminent en chaire d’une chère université qui nous a expliqué qu’Oumuamua, « ça doit être quelque chose d’extraterrestre parce que toutes les explications naturelles ne marchent pas ».

Bon bref, je vois bien que  sous l’excitation, je m’égare.

des arbres couvert de mousses
Fauteurs de pluie

Mais là, la preuve était devant mes yeux et devant les vôtres désormais, par la force des choses : c’était eux les coupables !

Oui eux ! Responsables et coupables, pas comme l’autre qui sait même pas que foi est un féminin et qui s’est évertué à nous le coller au masculin, affublé de surcroît d’une préposition contractée…

Les arbres appellent la pluie ! C’est à cause d’eux qu’il pleut depuis des semaines ! Elle s’est tellement enamourée la pluie, qu’elle est fusionnelle !

Regardez comme elle s’accroche, ça en dégouline d’amour. C’en devient obscène, vous ne trouvez pas  ?

CLIMÈNE.- Il a une obscénité qui n’est pas supportable.

ÉLISE.- Comment dites-vous ce mot-là, Madame ?

CLIMÈNE.- Obscénité, Madame.

ÉLISE. Ah ! mon Dieu ! obscénité. Je ne sais ce que ce mot veut dire ; mais je le trouve le plus joli du monde.

Molière

La Critique de l’Ecole des femmes

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