On dit souvent, et peut-être l’avez-vous déjà entendu, que les photographes amateurs de noir et blanc voient en monochrome. On raconte même que certains, pour s’habituer à cette vision monochromatique, s’équipent de lunettes aux verres filtrant, accentuant ainsi les contrastes.
Et il est vrai qu’il est souvent difficile pour un photographe de passer de l’un à l’autre, ou en tout cas avec réussite. Chacun de ces arts impliquent ses contraintes, ses recherches particulières : au noir et blanc, les contrastes, les variations de gris, les clichés graphiques; à la couleur, les jeux de couleurs complémentaires, les harmonies et triades, le chaud et le froid. Il faut donc souvent un certain temps pour revoir en couleur ou en noir et blanc lorsque l’on s’était habitué à l’inverse.
Certains disent que la photographie en noir et blanc est plus facile car elle permet de masquer certains défauts comme le bruit ou les couleurs disgracieuses. D’autres évidemment disent le contraire : la couleur distrait et il faut donc bien du talent pour plaire sans distraire, pour arriver à l’essentiel sans flatter l’oeil avec des couleurs.
Bref, chaque école défend sa chapelle, ou réciproquement.
Et parfois, alors que l’on a choisit le noir et blanc, la couleur sourd. Elle jaillit du monochrome et rien ne peut la retenir car immédiatement le spectateur reconnait et assimile l’objet qu’on lui présente à sa couleur. D’autant plus quand celle-ci est revendiquée et qu’elle est portée comme un étendard.
Aussi malgré les uniques teintes de noir et de blanc de l’image et leurs variations, je ne doute pas que vous ayiez reconnu ce qui gît sous le banc car comme l’a écrit le peintre aux couleurs chatoyantes :
Rejetez le noir, et ce mélange de blanc et de noir qu’on nomme le gris. Rien n’est noir, rien n’est gris. Ce qui semble gris est un composé de nuances claires qu’un oeil exercé devine.
Paul Gauguin
Avant et après