L’avenir, que l’on nous avait promis radieux, vient de se masquer et même les pâtes vont venir à manquer.
Nous étions tellement persuadés de notre invincibilité, tellement drapés de nos certitudes que le progrès – celui que Ferdinand Bardamu avait vu venir « devant l’Ambigu, comme ça, entre cinq et sept » – nous protégeait de tout que notre insouciance avait pris le dessus.
En Chine, on s’était mis à tousser mais nous, comme avec le nuage, on avait continué nos vies, persuadés que cette affaire ne nous concernait pas. On avait même commencé à voter mais pour de rien parce qu’on savait pas quand on terminerait.
Et puis le papier toilette est venu à manquer. Et là, on a compris qu’on allait en baver !
Le plus drôle dans tout ça, c’est que comme prophylaxie on nous a prescrit en lettres capitales le « reste-chez-toi ».
Alors voilà que nos bancs sont vides, nos anciens cloîtrés, nos enfants confinés, nos malades triés et nous obligés de sortir avec d’éphémères et ridicules laissez-passer…
Et c’est bien là que j’y comprends plus rien : moi qui suis souvent bien seul lorsque je photographie des paysages et bien fini, pas le droit de sortir, verboten. Même tout seul, perdu dans un spot photographique que j’aurais atteint sans croiser quiconque.
Sinon c’est 135 €.
Ils ont même sorti les hélico pour vérifier qu’on essayait pas de resquiller.
J’en finis par croire ce grand poète et dramaturge espagnol du XVIIème qui nous avait prédit :
Le pire n’est pas toujours certain. Mais il n’est jamais décevant
Comme disait Cioran :
“Espérer, c’est démentir l’avenir.”
Quand l’avenir est ainsi noirci, un devoir d’espoir.
Courage à tous
Patrice