Vercingétorix s’était fait porte-drapeau. Entouré de son armée de jaunards, il voulait conquérir l’Europe. Une foule immense s’était réunie autour de lui, unie par l’envie de remporter ce combat attendu et redouté, cette bataille qu’un commentateur sportif aurait certainement qualifiée d’homérique.
Et pourtant, ils auraient dû savoir.
Le ciel menaçait ; guettant son heure, il était prêt à s’abattre sur la vaillante « yellow army » rassemblée sur la place de Jaude. Cette foule joyeuse, qui partait à l’assaut des Corsaires de la rade, n’en avait pas l’air inquiet : sûrement se disait-elle qu’elle avait suffisamment de cervoise pour affronter les éléments, même les plus déchaînés.
Et nous, nous étions là – embedded comme disent les reporters de guerre. Les enfants s’étaient plaint de ne pas bien voir l’écran géant qui diffusait les images de la lutte opposant les rouges et noirs aux bleus et jaunes. Ils s’étaient plaint mais heureux d’être là, emportés par la ferveur, l’ambiance et l’instant qu’ils espéraient « historique » (autre adjectif auquel tout bon commentateur sportif ne sait résister). Ils étaient certains qu’ils allaient partager un grand moment de joie, ils l’attendaient et s’étaient préparés.
Mais nous aurions sûrement du être plus attentifs aux signes : de jaune, les champions clermontois n’en portaient plus que les chaussettes, car pour le reste ils étaient vêtus de blancs, comme si déjà ils demandaient grâce à l’ennemi…
Il y avait aussi eu le regard de cette petite fille, portée fièrement sur les épaules de celui que j’avais imaginé être son père. Cette tête inclinée, ce regard qui exprimait d’une façon bien prémonitoire tout le regret d’être passé si près du but, de l’en-but. La mi-temps s’annonçait, l’heure de notre retour vers la maison aussi. Et il y eut cet essai qui plaça pour la première fois les rouges et noirs en tête au score, et doucha les ardeurs des enfants. Nous verrions la fin à la maison. Nous partîmes donc.
La fin vous est connue et je ne vous la conterai donc pas en détail : Taranis avait joué un bien mauvais tour aux bleus et jaunes, ils ne seraient pas champions d’Europe :
Le ciel venait de leur tomber sur la tête
Plaisir des yeux. Plaisir des mots. C’est toujours un régal et un voyage de découvrir ton ressenti photographique et littéraire.
Ton approche esthétique de l’actualité mériterait d’être publié…Le journalisme littéraire ne t’a jamais tenté?
Bravo!
Merci Sabine pour ces encouragements ! Je vois que tu es un fidèle lectrice malgré mon manque de régularité dans les publications et c’est bien ça qui m’interdit le journalisme, fût-il littéraire 😉 Bises.