Je vous ai déjà raconté mon goût des églises. De ces lumières qui y résonnent, s’entrechoquent et m’enivrent. De ces sons qui chuchotent, s’étouffent et m’inspirent. Mais ce dimanche matin, je connus un vertige : une indescriptible sensation m’a transporté dans un pur instant de félicité ! Mais n’allons pas trop vite, laissez moi vous conter comme cela advint.
La promenade par les rues et places de la ville avait été jusque-là agréable mais mon œil n’avait guère étincelé.
Quand c’est comme ça, je doute. Encore plus que d’habitude !
Ne serais-je après tout qu’un bon technicien, tout juste capable de sortir une image, propre mais sans âme, d’un gadget électronique, moi qui me rêve en artiste photographe ? Serais-je insensible à la grâce, ne l’apercevant pas quand elle paraît ?
J’étais donc parvenu place de la Victoire, et je sentais que le retour serait aussi infertile que l’aller. Alors puisque j’étais là, je décidais d’entrer dans la cathédrale. J’hésitais car nous étions dimanche matin et je ne voulais ni perturber l’office par respect pour les croyants, ni y assister car – à vrai dire – je partage avec Victor Hugo tant l’amour des cathédrales qu’un anticléricalisme profond…
Je regardais ma montre et 11h30 était passé, j’avais donc bon espoir que l’office soit terminé. J’entrais prudemment après avoir cru percevoir, à travers les quelques verres cathédrale des portes monumentales, une certaine vacuité du lieu.
J’étais dedans depuis quelques secondes à peine quand résonna avec force l’orgue, une musique puissante qui me saisit immédiatement.
C’était étrange : j’étais dans un moment suspendu, tout juste percevais-je que je n’étais pas le seul à être envahi par la vigueur de l’instrument qui faisait vibrer l’ensemble de l’édifice. Tous les yeux se levait vers ces tuyaux qui diffusaient cette tessiture si particulière, si impressionnante et au final si reconnaissable. Je vivais un moment de vertige.
Et si finalement, c’était cela Dieu. Un vertige qu’une musique et la lumière si particulière, de celle qui luit dans les églises et s’irise sur les vieilles pierres, suffisent à réveiller.
J’ai trouvé Dieu dans les flaques d’eau, dans le parfum du chèvrefeuille, dans la pureté de certains livres et même chez des athées. Je ne l’ai presque jamais trouvé chez ceux dont le métier est d’en parler.
Christian Bobin
Et si Dieu était aussi le vertige transmis par la ferveur d’une photographie…
Verticalités diverses menant le regard vers les cieux, intensité de chacune des flammes éblouissant comme une pluie d’étoiles, posture de prière offerte à la dévotion, communion des contrastes à l’image de la pénombre intérieure cherchant l’apaisement de la lumière…
Quand le vertige de l’âme est sublimée par l’art…
Un grand bravo…
les églises vibrent encore de toutes ces mains qui les ont construites… et pour moi l’orgue en est la traduction sonore (mais pas devant l’ordinateur…)
photo sensible et fervente… merci !